J’ai fait un rêve, un rêve fort, qui réveille, éveille, insiste pour que je lui donne toute mon attention. Je l’écris en sortant du lit, y pense sans cesse par la suite et prends le temps d’appeler mon ami Jean, le rêveur éveillé qui tient un blogue fabuleux pour les rêveurs en couleurs: http://voiedureve.blogspot.ca. Je lui raconte ce rêve qui veut être raconté pour mieux se déployer, un rêve que Jean qualifie de rêve d’éveil, initial, qui ouvre de nouveaux chemins. Un rêve de seuil.
Je le sais, je l’ai sentie au réveil, je savais que je devais le porter, être enceinte, fécondée par lui, qu’il portait des clés pour d’éventuelles serrures à ouvrir, des secrets à révéler. Jean m’apporte une aide précieuse pour le décoder, m’orientant avec des questions, des propositions, sans forcer ni tirer, tel un sage homme aidant un rêve à naître. Tout au long du processus, je suis haletante, comme lorsque l’on accouche, empressée de le mettre au monde tant je le sens porteur de vie…
Ce rêve est la suite d’un autre que j’ai fait précédemment. Un rêve dans lequel je développais un rituel et y invitait des gens à y participer. Or, je suis à l’endroit où a lieu le rituel et plutôt que de le préparer, je prépare un voyage, une expédition. Je ne sais pas où je vais, mais je sais que je pars avec 4 amies. Pendant que je prépare les bagages, je décide que nous prendrons mon camion, je suis toute à la préparation de cette expédition.
C’est alors que les participants du rituel commencent à arriver, je sens leur fébrilité, leurs questionnements et aussitôt me vient leurs besoins et l’organisation qui en découle, puisque c’est moi qui ai lancé l’invitation. Je me sens responsable et me demande comment partir en laissant tous ces gens dans le vide.
Premo arrive, une grand-mère sage et impériale, une reine drapée de fourrure, de dignité, de présence. Elle s’assied sur un divan et s’insère entre des participants, en silence. Un silence enveloppant.
Un instant, je me dis que j’ai la solution. Premo va et peut faire le rituel. Or, Premo est complètement, totalement dans l’être et aucunement dans le faire. Je ressens une grande tension, car mon problème d’organisation demeure entier. Premo ne va pas organiser. Je pense aux chambres au deuxième étage, je me dis qu’il est temps pour les participantes de s’y installer. Cependant, mes amies se trouvent déjà au deuxième étage et préparent leurs bagages afin que nous partions le lendemain pour notre voyage. Je suis ambivalente. j’aurais envie de porter l’esprit du rituel, de l’animer, mais l’idée d’organiser le contenant me pèse au plus haut point.
Je me sens écarteler entre ma responsabilité à organiser l’accueil des participants que j’ai conviés et envahi de culpabilité devant le fait que je doive dire à mes amies que le voyage ne peut se faire. Je me sens d’autant plus mal, du fait que ce soit moi qui a initié cette idée de voyage et infiniment triste de devoir y renoncer. Je sens qu’il est important de le faire. Je me réveille avec un sentiment d’écartèlement et de responsabilité.
Dès le départ, mon ami Jean, le capteur de rêve, m’apporte quelques clés pour décrypter ce songe. Il y a une contraction. Tiens, tiens, encore l’image de l’accouchement, de quelque chose à naître. On y retrouve deux opposés. Or, dans la psyché, il y a souvent opposition et notre tâche consciente est de tenter de les concilier.
Un rappel que dans les rêves, comme dans la vie, nous ne progressons pas de façon linéaire. Nous avançons, reculons, complétons un tour, tournons en rond, faisons des bonds.
Autre élément intéressant, le fait que je me prépare à faire un voyage, je prépare les bagages. Un tour de passe-passe de l’inconscient qui me dit que je suis à rassembler tous les éléments que je souhaite apporter, dont j’aurai besoin pour la suite. De même, prendre son véhicule, c’est conduire sa vie. Et tout l’aspect du rituel qui me rappelle que chacune des parties de ma vie est une aventure sacrée.
Me voici quelques mois plus tard, avec encore au cœur, l’esprit de ce rêve qui ne cesse de s’incarner au jour le jour et qui me rattrape au détour du chemin afin que je garde le cap pour la suite des choses. Or, garder le cap est difficile puisque je ne sais pas très bien où je me dirige.
Une chose est certaine, je suis dans un changement d’axe, de direction, tant au travail, que dans mes relations, dans ce qui m’allume et donne du sens à ma vie. La mère, l’organisatrice, la faiseuse ne répond plus, fatiguée de coordonner, de composer, d’agencer. La grand-mère, la passeuse, l’enseignante, l’attentive tranquille m’appellent de plus en plus fort. C’est le rôle de Premo dans mon rêve, elle incarne l’éveilleuse, qui rayonne de par sa simple présence, qui est dans l’être pure. Elle ne crée pas d’attente. Rien à faire, tout à être est son enseignement. Ce qui fait écho dans ma vie actuelle, l’organisation m’horripile, m’épuise, même si à d’autres stades de mon évolution, j’y ai trouvé beaucoup de satisfaction.
Ce rêve m’indique aussi que cette obligation d’organisation, je l’ai créé en appelant les gens. Ainsi, il est venu le temps où je dois être plus avisée dans mes choix de projets, dans ce que je mets en œuvre. Or, je suis justement à chercher comment poursuivre ce que j’ai créé dans le passé tout en laissant plus d’espaces à ce qui m’appelle maintenant. Dans mon travail, je réfléchis à la passation de mandats et de rôles qui me permettront de mieux assumer mon rôle de transmission, de leader, de gardienne de mission et de vision. Depuis plus de 25 ans, j’ai joué tous les rôles, est venu le temps de lâcher du leste, le temps de la confiance et du détachement. En laissant aller des bouts, je permets à ceux qui suivent de déployer leur potentiel et de goûter au bonheur qui vient avec l’accomplissement de nouveaux défis.
Le temps de la mère est bel et bien terminé. En ce sens, Premo m’indique le détachement, l’effacement de l’égo, j’ai fait mon bout, je laisse à d’autres l’action, l’organisation. Elles ont tout ce qu’il faut, je le sais, je les ai choisies et guidées. Il est temps d’apporter ma contribution autrement, de laisser aller des morceaux, de faire des deuils. Il n’y a pas de naissance possible sans détachement
D’où la tension, le sentiment d’écartèlement ressentis dans le rêve. Une tension entre le passé et l’avenir, entre la responsabilité de ce que l’on a créé et ce qui est à venir. Voilà pourquoi je suis si fatiguée. Le corps est le gardien de la vérité, je croyais ne jamais l’oublier. J’ai tant appris sur la sagesse du corps lors de la ménopause, lorsque j’ai traversé le feu des grandes chaleurs, celui qui consume en grande partie la mère afin que la grand-mère advienne.
Voici vraiment venu le temps de la grand-mère, le temps d’accompagner dans la légèreté, celui de quitter à tout jamais ce sentiment de culpabilité lié à la responsabilité. Être, sans aucun activisme. Un seuil est à franchir, c’est un passage à ritualiser pour mieux l’intégrer. Décidément, un rituel est à naître.
Ce rêve n’a pas fini de s’accomplir, le voyage n’est pas terminé, il s’amorce. Mes 4 amies de voyage sont chacunes, des parties de moi. Quelles sont-elles? Qui est au sud, à l’ouest, au nord et à l’est? Quelle direction est à prendre?
Jean, ce célébrant du rêve, me disait que lorsque le 4 apparaît dans nos rêves, c’est une manifestation du soi, de la totalité. Quatre saisons, quatre directions, les bases de toutes fondations.
Il avait raison, je suis à mettre en place de nouvelles fondations. Mon rêve date d’il y trois mois, depuis je regarde quelles seraient les bonnes personnes pour organiser et soutenir, elles m’apparaissent clairement. Je peux poursuivre le voyage avec plus de douceur. Je me nourris de plus de bienveillance et je me sens moins presser par le temps. Je peux retarder le tout d’une journée ou d’un mois. L’important n’est pas ce que je fais, mais l’état dans lequel je suis.
On ne devrait jamais être pressé, la tension vient en grande partie de cela. J’avance, je recule, je tourne en rond et en chemin, j’expérimente la justesse, l’équilibre entre ce qui est donné, tourné vers l’extérieur versus ce qui est accordé à l’âme, à ce qui appelle des profondeurs. Je m’engage dans la suite de mon pèlerinage, de nouveau prête à quitter les frontières du connu. Quel est ce voyage, la destination? Probablement, la réalisation de l’être totale que je suis.
Manon Rousseau / septembre 2015
merci de partager ce rêve sur ton chemin
j’ai hate d’en reparler avec toi quand tu passes par piedmont
je retiens et me reconnais particulierement dans ta phrase
» L’important n’est pas ce que je fais, mais l’état dans lequel je suis. »
amalalala
C’est l’un des apprentissages les plus important qui soit pour moi depuis quelques années.