Archives mensuelles : mai 2020

« Dieu ne pouvant être partout, a créé les mères. » Proverbe Juif

Nous sommes multiples les mères dans nos façons de réinventer le verbe aimer. Tous ces enfants que nous portons, adoptons, accueillons, qu’ils soient les nôtres, les vôtres, les leurs. Peu importe, d’où ils sont venus, je nous ai vu investis avec chacun d’eux, tant ceux qui sont passés par nos corps que nos cœurs. Dans ma tribu, nous les aimons passionnément, parfois immodérément, d’autres aiment plus sobrement mais tout autant. Je ne compare plus, parce qu’en ce monde chaque geste compte et que je reçois dans chacune de vos intentions, tous les empressements, les élans, les impulsions d’amour.

Nous sommes parfois mères, grand-mères et arrière-grand-mères, nous aimons et avons aimé de toutes les façons qui soient; parfois maladroitement, possessivement, patiemment, généreusement, bienveillamment, impatiemment, altruistement et quelquefois durement. Nous avons aimé en pleurant, consolant, s’oubliant, criant, berçant, rouspétant, secourant, complimentant, idolâtrant, critiquant, vénérant, estimant. Nous avons reçu et offert des pissenlits, des dessins, des bizous mouillés, des reproches, de l’affection, du mécontentement, de la dévotion, des effusions, de la critique, des présents enrobés de tendresse, de la ferveur, de la froideur et de la passion.

Cela fut exquis, béni, doux, difficile, agréable, ravissant, abominable, immense, pacifiant, indigne, courageux, rugueux et suave. Car, quiconque a été mère et engagée auprès d’enfants sur du long terme, sait que le verbe aimer se conjugue à tous les temps, les verbes et les adverbes… Voilà pourquoi, je nous honore, parce que la filiation, la maternité appelle le meilleur et le pire et que malgré tout, nous restons là dans la nuit, les tempêtes, les crises, tremblantes, somnolentes, étourdies, hébétées, mais debout à poser des gestes d’amour millénaires. Ces attentions, ces actions répétées depuis la nuit des temps, beau temps, mauvais temps, en rassemblement ou en confinement, se traduisent en êtres humains debout, aimants et capables de poursuive cette chaîne pyramidale d’amour qui tissent les toiles de nos vies et les rendent si précieuses et fabuleuses.

Alors me voilà à écrire ce matin, pour vous célébrer mères et grands-mères de ma lignée et toutes celles qui en chemin se sont ajoutées. De vous toutes, je suis née, me suis réinventée, réenchantée. Finalement à Aline, ma mère chérie, je suis si heureuse et fortunée de ton oui, qui a permis que je sois ici, à vivre cette fabuleuse aventure que j’aime tant.

Manon Rousseau / 10 Mai 2020