J’ai un nouveau cahier et de jolis crayons.
J’ai 5 ans, excitée, me voilà redevenue enfant devant cette étendue
de pages vierges qui m’attendent et m’espèrent.
Ces plages / pages où se forgent les perles discrètes,
dérobées aux profondeurs,
celles qui ne se vendent ni se s’achètent,
qui demandent de la lenteur, de la descente et du temps.
Aucune précipitation, un peu d’oisiveté, juste être là avec soi,
s’approcher tout doucement sans faire de bruit, sans rien chercher.
Pas besoin, la grande vie est dans les petites choses.
La chaleur du rayon de soleil ce matin,
au cœur de la froidure de cet avril hivernal.
L’amour tranquille qui se satisfait
que l’autre soit;
La douceur infinie d’une joue d’enfant;
un nouveau sous-vêtement rose qui
ressemble au printemps et qui plus est,
se révèle à la fois confortable et ravissant.
Le jardin sans sa couverture de neige;
L’ail qui vient de s’éveiller et présage
de tout ce qui est à venir.
Tant de petits riens qui invitent mon crayon à danser.
Joie passagère saisie au vol qui pourtant m’imprègne tout entière.
Nous ne soupçonnons pas que l’éternité et l’éphémère dansent entrelacer;
Dieu s’est dissimulé dans ce que nous avons sous nos yeux.
Je suis attristée chaque fois qu’il me semble que quelqu’un ait perdu la vue.
Manon Rousseau / Avril 2018