Ce matin tôt, je suis conviée à 1 heure de silence, j’hésite, j’y vais à reculons. Force est de constater que j’aime les distractions, aussi douces soient-elles, le café qui coule, les gestes du matin, le journal à lire, petits moments calmes et tranquilles.
Pourtant la dernière fois ce fût un moment de bonheur pur. Une descente en vrille, tout en lenteur dans le cœur des profondeurs, avec quelques
remontées pour mieux replonger dans l’indicible, là où tout se tait. Mystère du silence qui parle plus que tout. J’aime ce silence habité, comblé de grâce. J’aime le paradoxe de plonger en soi pour atteindre des sommets. J’aime le silence communautaire inspiré et inspirant. J’aime se taire ensemble, au milieu d’une communauté silencieuse et éveillée.
Il en est de même avec les mots, je les aime habités, éveillés, porteurs. Je m’ennuie vite lorsque j’ajoute au babillage ambiant. J’aime ceux qui accueillent la part de mystère présente en nous et en ce monde, j’aime lorsque tressaillit le secret qui murmure en chacun de nous; l’innommable; le peu nommé; la beauté cachée, immergée; le bien aimé avec un grand B. J’aime lorsque nous nous rejoignons, là où la femme / l’homme sages et immobiles veillent, là où la flamme ne s’éteint jamais, là où nous sommes joie, sagesse, beauté, éternité, créateur et vérité… J’aime « ces instants où la mémoire se réveille, la mémoire profonde de ce que nous sommes et que nous oublions en cours d’errance ». Christine Singer
Bien sûr, il m’arrive encore trop souvent d’oublier qui je suis, de douter de moi, de vous, de nous, de me prendre les pieds dans les plats de mes limites et de mes croyances, de contribuer à nourrir le vide, le chaos, la peur, le manque, mais j’en ressort toujours un peu triste et fatiguée. Ceci explique cela, j’estime le silence et la parole qui donnent vie, la nourrit et nous rappelle qui nous sommes: des dieux, des déesses, des feux de joie, des faiseurs de paix et de beauté, des veilleurs, des éveilleurs, des lumières incarnées descendues du ciel pour briller et allumées le feu sacré. Rien de moins!
Joyeuses Pâques!
Manon Rousseau / mars 2016