Chansons, ritournelles et poésies de mai.

« Il pleut, il pleut bergère, fais cuire un peu de riz, reste dans la chaumière, allume les lumières,
fais tremper les cachou-ous pour en faire une trempette, tralalalalalèèère, tralalalalalala. »

Voilà ce à quoi je me suis occupée et ce que j’ai fredonné voilà à peine quelques journées, mes os et mes muscles étaient transis, par chance, il me restait encore un peu de prêle et d’ortie.
Je regardais à la fenêtre, le vert tendre venait d’arriver, aux bosquets s’étaient accrochés, le lilas s’en était paré, mon cœur en était tout remué, je souhaitais tant jardiner, mais la pluie ne cessait de pleurer!

Enfin aujourd’hui, je suis sortie en début de journée pour donner du compost à mes bien aimées, elles sont plusieurs et si joliment prénommées: Lavande, la sereine qui adoucit les peines, Mélisse la joyeuse qui calme les agités, Ortie la coquine dont la magie n’est plus à prouver, Violette, la discrète mais néanmoins coquette, Guimauve, la réservée, avant qu’elle ne se déploie et vienne en imposer, Mauve, sa gracieuse cousine, Monarde, l’expressive rouquine, Sureau le généreux et Livèche la grande oubliée. J’ai une vingtaine de complices au jardin, une dizaine me sont très intimes, à chacune d’elle je me sens liée, nous nous côtoyons depuis nombre d’années, et de ce fait, connaissons nos particularités. Avec les années de fréquentation, nous savons de quoi nous avons besoin l’une et l’autre en toutes situations. Elles vont et viennent dans ma vie à des moments précis, des moments bénis où elles se donnent de mille façons, agrémentant et nourrissant ma vie, comme le font les bonnes amies…

Voyez, par un beau mardi tout gris, j’ai cueilli des jacinthes, elles sentent bons le parfum des grands-mères d’antan, ramènent avec elles de doux souvenirs d’enfants et embaument la maison des jours durant. Elles sont mon délice de début de printemps.

Aujourd’hui, grand besoin de beau temps, vite une visite impromptue à la serre, j’achète quelques fleurs et me délecte des odeurs. J’adore les effluves d’humus et de terre et la chaleur tropicale des serres, c’est comme un présage d’été avant qu’elle ne soit arrivée.

La semaine dernière, mon amoureux et moi sommes allés à la chasse aux pissenlits. Certains vont à la chasse aux papillons, nous, nous partons quérir le pisse en lit, le si bien nommé puisque son nom nous parle de ses qualités. Détrompez-vous, dénicher le pissenlit bien gras et vigoureux, dans une bonne terre saine, demande patience et expérience. Nous avions trouvé, mais une dame à l’allure d’Hillbelly, est venue nous chasser, le champ lui appartenait a t-elle clamé… Et puis à l’orée d’un boisé, ils étaient là à nos pieds, nous nous sommes agenouillés, cérémonieusement devant chacun d’eux, tout heureux d’avoir trouvé. Cueillir est une prière empreinte de gratitude et de révérence, je vous en parle d’expérience. Ainsi, me voilà récoltant les feuilles une à une, dégustant au passage ce vert un peu amer et mon amoureux qui est adroit et volontaire, se chargeant d’extirper les racines de terre. À moins d’avoir déjà cueilli, on ne peut saisir la jubilation qui nous saisit, car racines, feuilles et fleurs sont pleines de promesses, de santé et de vitalité elles font notre richesse.

Voilà, ainsi va la vie, rythmé par la pluie et les éclaircies, me laissant le temps de vous écrire, de rêver de fleurs, de cueillettes, de récoltes à venir. Rêverie de jardinière, de grand-mère qui songe aux tomates cerises bien mûres que pilleront les petits gourmands, d’herboriste qui prépare ses remèdes, petits pots et onguents.

Allez, je vous quitte un moment, je vais de ce pas couper mes premières jonquilles, elles s’inclinent sous le poids de la pluie et du vent et viendront de leurs jaunes ardents rendre notre logis ravissant. « C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau, à la vierge chérie offrons un chant nouveau. Ornons le sanctuaire de nos plus belles fleurs, offrons à notre mère et nos chants et nos cœurs. Aimable violette, ta modeste beauté, est l’image parfaite de son humilité. »

Pour terminer cette chronique aux allures de ritournelles, revenons à la mélodie de départ où il était question de recettes de cachous en trempette, essayez-la sur des tortillas et sortez vos belles assiettes. C’est tout simple, des noix de cajou trempées, auxquelles on ajoute du jus de citron, de l’ail, un peu de sel et de poivre et ce que vous voulez pour la parfumer. Parfaitement onctueuse, rien ne nous manque et la vache peut brouter paisible au champ et allaiter son petit tranquillement.

« C’était le temps des fleurs, on oubliait la peur, les lendemains avaient un goût de miel, ton bras prenait mon bras, ta voix suivait ma voix, on était jeune et on croyait au ciel. Lalalalalala, lalalalalala»

Manon Rousseau / mai 2017

 

 

 

 

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